Booster

Killer Queen

  Et d’un coup, ils se sont mis au garde à vous. Soldats fiables, qui ne tremblent pas quand il faut se dresser. Je les ai senti les u...

vendredi 14 juillet 2017

On the milky road. Again.




Emir.
L'homme qui a pris au pied de la lettre celles de son nom, et en a fait sa ligne de vie. Sa lignée. Sans jamais s'aligner.
Emir Kusturica. On ne sait jamais comment se prononce ce -ca : -za ? - tsa ? - cha ? - tcha ? -ka ?
On s'en fiche aussi.
Emir ça se vit. Ça se ressent. Ça écorche et ça s'écorche. Et puis il reste la vodka pour oublier les accrochages.



Je viens donc de voir "On the milky road". Forcément.
Oui "forcément".  Parce que je voue un culte sans fin à la musique balkanique et à cet homme volcanique. Qui m'a hurlé un jour dans l'oreille (gauche) pour dire à son Stribor de fils qui était pourtant à bâbord que la dinde was in a wrong position.
La dinde.
Au mauvais endroit.

Emir et son mètre 90 au moins. Et son ventre. Et sa chemise déboutonnée dans le sens inverse de celui qu'on attendait.
Emir Kusturica.
L'homme qui m'a fait prendre conscience de la profondeur du mot émotion en ce mois de Juin 2007. 
Grâce à qui - en partie - je ne suis plus la femme que j'étais.

L'homme qui emmerde tout le monde.
Oui je me lâche. Parce que quand on s'appelle comme un roi du pétrole et qu'on remplace l'or noir par un mélange de larmes et d'amour, on emmerde le monde.
Certes, il pourrait juste le mépriser. Mais pourquoi perdre de l'énergie pour les petites émotions et les évènements insignifiants au point de ne même pas finir en souvenirs ?

Non. J'aime croire qu'Emir se fout pas mal du qu'en dira-t-on. Il se fout de sa mise comme de sa première chemise.

Emir a tout compris.
Cette fois il s'est hissé dans le rôle du bellâtre. Ne me demandez pas, je ne sais pas comment il a fait. Peut être que de s'enticher d'une Monica Belluci embellit n'importe qui.
Ça a bien marché avec Vincent Cassel après tout.



Il s'est donc glissé dans le rôle du jeune premier pas tout à fait périmé.
Comme un bon vin, affiné, il trimballe sa naïveté sur le dos de cette pauvre mule qui plie sous le poids de l'innocence. Kosta va tomber amoureux dans une poignée de minutes.
Ne riez pas : vous aussi.
Le temps de nous présenter le décor bruyant comme toujours : d'abord ce faucon pèlerin qui accompagnera le récit à tire d'ailes, puis ces oies qui vont s'égayer dans le sang d'un cochon fraîchement occis. Ces oies qui ne restent blanches pas plus d'une poignée de secondes. Et qui caquettent toute leur incompréhension.

Le travelling continue et tourne la tête. On prend un peu de hauteur, on vise une bâtisse non loin. Une maison de gare avec une horloge austro-hongroise capricieuse. Une horloge qui s'emballe et mord celui qui oserait penser pouvoir l'arrêter. Le Temps ne souffre aucun retard. Il n'est déjà plus.

Que de poésie dans les Balkans...
Que de poésie chez Emir...

Alors oui, ça crie, ça tire, ça casse des verres, ça se blesse et ça s'infecte.
Mais ça ne s'encombre pas du ménage. Le cybalum résonne et l'Amour s'invite. Alors certes Il se trompe, Il réunit ceux qui sont déjà promis ailleurs malgré eux.Mais moralité Il rend service en libérant les amants maudits de ces vœux non consentis. Et que vient faire la Morale ici bas d'ailleurs ?




Et voilà les pattes d'oies de Monica Belluci.
Et son sourire. Et ses yeux emplis de cet amour confiant.
Elle chante le serbe comme elle le faisait de l'italien et du français. Avec délicatesse. Elle a ce sérieux contagieux, celui qui refuse le compromis. Il n'est plus l'heure de plaisanter avec les choses sérieuses. Il n'est pas de jeu de l'amour et du hasard. Le Destin s'en est mêlé.
Emir est amoureux. Monica aussi. Nous aussi.
On sourit avec eux. On soupire aussi.
On pleure enfin. Car on est chez le Serbe. Alors on aura des morts, des larmes, des oies, de l'alcool frelaté, des bagarres d'ivrognes, des femmes dans toute leur sensualité, des machos réduits à se prosterner.
Et de la vie. En veux-tu en voilà.
De la vie. A en crever.
De la vie car quoi faire d'autre en attendant la mort ? Il faut vivre, vivre, vivre encore.

Ça, Emir le sait. Lui que je soupçonne d'avoir plusieurs vies tout comme il a plusieurs visages. Ce chat blanc, ou noir, ça dépend du sens de la pluie et de l'horloge. Ça dépend de la longueur de la barbe et de votre capacité à vous émerveiller.



On the milky road.
Où les serpents se saoulent de lait frais.
Où l'on aspire les oeufs frais et les verres de Raki au même rythme. Où la musique jamais ne s'arrête. Pour couvrir les cris, et les bombes. Pour tromper l'ennui et l'ennemi.
Le film d'une fuite qui se prend les pieds dans une robe de mariée.
Qui parfois use de la magie qui avait déjà si bien marché au temps des gitans. S'envoler.
Taquiner le pèlerin qui veille au grain et fait la pluie et le beau temps. Littéralement.

Emir. Kusturica. Tu m'as donné un supplément de vie.
Forcément : merci.







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