Booster

Killer Queen

  Et d’un coup, ils se sont mis au garde à vous. Soldats fiables, qui ne tremblent pas quand il faut se dresser. Je les ai senti les u...

vendredi 17 février 2017

Avis de recherche : Guillaume Canet.

Pas de mouvement brusque.
Pas de panique.
Mais on a perdu Guillaume Canet.

Ou alors on l'a retrouvé.

Non. Voilà. Je suis paumée moi.
Je n'arrive pas à savoir.
Est-il devenu complètement fou ou est-il finalement génial ?

Je viens de voir "Rock'n'Roll".
Et je...
Je vais essayer de vous raconter ce qu'il se passe. Mais je vais méchamment spoiler aussi.

Bon déjà l'affiche. Gribouillé au marqueur par un gamin de 7 ans, le titre : "Rock'nRoll". Bon. En arrière-plan, Papa - pardon Papy - Guillaume et Maman Marion.
Ok.
Bon.








Film qui sort de la maison, mon professionnalisme  (ma curiosité) et ma loyauté (toujours ma curiosité puis une pointe de "je n'ai rien de mieux à faire ce Vendredi soir") m'ont entraîné au MK2. Là, une foule - du genre compacte - se presse aux deux malheureuses machines en état de marche. A ce niveau, à part mon désœuvrement, je ne sais pas ce qui m'a fait rester.
Je n'ai aucun plaisir à être bousculée par les parisiens. Aucun confort à piétiner. Je reste parce que je suis là. Et que je n'ai pas très envie de retrouver le métro.

Nous y voilà donc. Salle immense, remplie au tiers. Ça commence bien. Alors que je suis sûre que "La La Land" fait toujours salle comble. Et sans moi !

Mais le film commence et on se retrouve avec Guillaume Canet. Qui joue Guillaume Canet. Enfin qui n'a pas l'air de jouer d'ailleurs. C'est Guillaume Canet quoi.
Il tourne un film.
Apparemment notre génie aime les mises en abîme. D'ailleurs, question abîme, il y va tout droit. Brave gars quand même...

Je vous la fais courte (si si je suis cap') : Guillaume tourne avec une blondinette qui a l'âge d'être sa fille. Elle joue d'ailleurs sa fille dans le film du film. Vous suivez ?
Au bout de quelques jours de tournage idylliques, une journaliste se pointe pour interviewer les deux têtes d'affiches. Et là. Le monde de Guillaume s'écroule : il est devenu vieux. Il ne l'a pas vu venir. On lui reproche à demi-mots qu'il n'est pas "rock'n'roll".

Tout s'explique.

Guillaume rentre tout penaud à la maison, sous le choc, et retrouve Marion et fiston.
Bon alors là arrêtons-nous un instant : si elle ne sait pas mourir, c'est qu'elle a un potentiel comique de dingue, la môme. Elle vient d'apprendre qu'elle est retenue pour le prochain Nolan (mise en abîme je vous dis) et a décidé de s'entraîner à parler avec l'accent et les expressions québecois. Genre tout le temps.
Alors mise à part cette direction cocasse, c'est tout de même un peu gênant, parce que bon... ben on est chez les Canet-Cotillard. Chez eux. Dans leur chambre. Et niveau voyeurisme ça se pose là.



Guillaume flippe la race sa grand-mère car sa femme (superbe, lumineuse, douce) a le vent en poupe et lui a le corps qui le trahit, des cheveux grisonnants, des bras ridicules et un problème de testicule. Gauche.

Ou droit.

On s'en fout.

C'est le début d'une descente aux enfers. Et il va nous faire assister à toutes les étapes. Sans compromis. Sans hypocrisie Et avec une autodérision qui frôle la folie.

Il va commencer par vouloir se remettre en selle, revoir les copains (coucou Gilles Lelouche, va falloir se mettre au régime vieux !), sortir faire la bringue (oui il parle comme ça Guillaume). Et ça va mal finir. Sur YouTube.
Il va vouloir décrocher le rôle d'un jeune premier et va se ridiculiser.
Il va voir Pierre Niney récupérer le César à sa place.
Il va finir par devenir odieux sur le plateau et se faire virer du film après un esclandre super gênant.
Il va même se taper l'incruste chez l'ancêtre du rock'n'roll, chez Johnny himself.(là on ne sait plus vraiment si le vieux rocker nous fait rire avec lui ou à ses dépens, mais on se marre).

C'est le moment pour la prise de conscience.
Mais alors qu'on lui souhaite de se ressaisir, Guillaume prend une décision pathétique.
Et j'ai une pensée émue pour tous ceux qui ont dû subir la vision d'une telle déchéance de leurs proches. Guillaume Canet va se faire lifter.

...

Au début c'est discret. Des pommettes à peine rehaussées, des yeux reposés. Il a l'air en forme, rajeuni.
Mais tandis que Marion est chez nos cousins outre-Atlantique, il plonge. Il se fait repulper les lèvres.

C'est... c'est ? What the fuck man ?!

Il se refait virer du film. Il est méconnaissable.
Puis il va se faire remonter les bretelles par les boss, les Attal - l'un des deux est vraiment producteur de son état. Yvan Attal - qui est là parce que tout de même avec un nom pareil ça aurait été dommage de laisser de côté - est parfaitement consterné par son ami et on le comprend.
Il aurait aussi besoin de se laver les cheveux mais je me suis déjà tellement moquée de Benjamin Biolay que je n'ai plus aucune munition pour lui.

Bref. Guillaume dégringole. Et ce n'est que le début. Pas du film entendons-nous bien (heureusement remarquez).

Marion passe en coup de vent, constate l'étendue des dégâts et lui somme d'arrêter fissa sa crise de la quarantaine car sinon elle le quitte.

Ouais ouais. Marion quitterait Guillaume s'il continue à vouloir ressembler (attention je vais lâcher le mot qui me brûle les lèvres depuis deux heures) aux Bogdanov.

Bon ben elle va donc le quitter car notre taré de Guillaume a continué à se métamorphoser en un truc qui ressemble très vaguement et de dos à celui qu'on connaissait, puis il va se mettre à la muscu. Très sérieusement.
Les kiosques sont placardés d'affiches annonçant le célibat de Marion.
Guillaume Canet gonfle.
C'est effrayant.
Et un poil excitant quand Marion croise le père de son fils et qu'au détour d'un changement de pull elle aperçoit les abdos et tout plein d'autres muscles qui se trouvent ici.

Le ralenti, la musique débile (on parle de la B.O de la Boom 2 quand même), le mordillement de lèvres, le gros plan sur les yeux qui se rétrécissent pour évaluer l'autre... tout y est. C'est kitsch. C'est génial. C'est débile, profondément débile.

Une nuit, Marion en larmes et sans accent lui demande de venir la consoler. Elle vient d'apprendre que Léa Seydoux lui avait volé un rôle qu'elle rêvait d'interpréter car elle était désormais... trop vieille...

Bon vous voyez où je veux en venir ?

Ben voilà. Guillaume est appelé aux States pour tourner dans une série, pour jouer un ranger affublé d'un crocodile (d'un crocodile oui, vous avez bien lu). Il a les cheveux longs, blonds, il ne ressemble plus à rien. Il est un autre. Marion finira par l'y rejoindre, éperdue d'amour qu'elle est. Et rejoindra tout naturellement le casting du soap. Siliconée.

Folie ou génie ?
Ok il y a des longueurs.
Mais tout de même, c'est juste touchant, cet acteur - cet homme - qui refuse l'inévitable et essaie de déjouer la mort.
Et c'était risqué et un peu culotté de se montrer sous un jour si pathétique au monde. Il est tellement naturel, tellement lui-même j'imagine. C'est un peu comme si il nous prenait à part et nous racontait sa plus grand peur : qu'il vieillisse et qu'on ne l'aime plus.

Voyons Guillaume... dois-je te rappeler (je cherche)... "Ne le dis à personne" ? "Joyeux Noël" ? et sûrement plein d'autres films où tu étaient très bien. Enfin pas tous hein. Mais tout de même.

Puis ton film nous a fait rire. Car la salle a ri. Bien plus que moi certes (ou pas aux mêmes moments disons). Mais pari réussi. C'est déjanté. C'est loufoque.


Si jamais tu en doutais, avec ce dernier film, pas de doute, rock'n'roll, tu l'es.
Limite un peu trop.








dimanche 5 février 2017

La La Land. Expatrions-nous maintenant.



Mais oui.
Je suis bien en train de danser.
Là.
Sous la canopée, la tête levée vers le ciel bleu. Bleu.
Pendant un instant j’ai fait abstraction du monde. De la foule. Intensément dans l’émotion, rythmée par mes pas cadencés, je me suis mise à ébaucher quelques pas de danse. Sourde à la réalité. Je n’ai pas réalisé que j’allais être vue et jugée. Que j’allais passer pour une originale en manteau classique. Plus rien ne compte. La pluie n’existe plus. Le ciel est bleu.
Bleu.

Comme celui de la Californie en plein hiver au-dessus de l’autoroute congestionnée.
Mais qu’importe les embouteillages quand le soleil chasse la morosité du quotidien. Qu’importe le temps qui s’étire sur le bitume quand le coeur est plein de musique, de vie, d’amour. Que les yeux sont tournés vers le bleu.

Bleu.

Comme l’affiche de La La Land.
 Avec ou sans étoiles. Bleu. Nuit. Jour. Jour et nuit fredonnons encore. 
Une dernière danse. Un dernier soupir. Une larme égarée.
Quel beauté…
Quel film !

Je suis rentrée, la nuit tombait. La lune comme guide et soudain un projecteur m’aveugle ?!
Ah non, ce sont les lampadaires qui reprennent du service.

Question de point de vue. Je suis sortie du cinéma, je suis restée dans mon film personnel. Tous ces figurants qui jouent aux parisiens. Les trottoirs encore émus mais qui déjà laissent s’évaporer la dernière crise et se déroulent devant moi tel un tapis de festival. Le menton relevé, le cheveu ondulant. Je me sens bien. Gonflée d’énergie. 




Damien Chazelle est magique. Brillant. Déique.

Lui seul sait vous donner envie de chanter sous la pluie. Il vous file des frissons à vouloir vous pelotonner dans les bras de celui qui restera. En commençant par le reconnaître.

Lui seul me donne envie de voir son film en boucle. 
Il relooke les demoiselles de Rochefort, il remet la musique à sa juste place, sur le devant de la scène. Il vous fait aimer le plus insipide des acteurs. God que Ryan Gosling est charmant en homme normal. Enfin ! Je comprends mieux, enfin.

Il rehausse la couleur. Ses rouges rivalisent de bleus, de verts, de jaunes. Soleil. Une symétrie a faire pâlir Wes Anderson. Cramoisi de jalousie à n’en pas douter. 
Il redonne du goût au Cinéma. Il révèle la saveur de l’Amour magistral. Il redore le blason des histoires d’amour éternelles. Celles qui restent. Pour la postérité. Pour les jeunes enfants qui ont besoin de rêver. Pour les grands enfants qui rêvent plus fort encore.

J’ai envie d’apprendre les claquettes et d’apprendre à marcher sur des talons de 12. Je ne comprends pas que ma garde robe n’en compte pas une douzaine aux couleurs primaires. Ni comment j’ai pu avoir les yeux rivés sur les bassistes quand il y avait les pianistes. 



Loin d’être accablée par ma solitude, je suis persuadée que mon Sebastian est là. Dans la foule. Je suis prête à le trouver. Je suis là ne t’en fais pas.
Je virevolte dans ma tête. Car oui, dans mon imaginaire je maîtrise les pas, je ne piétine pas mon cavalier, mon sourire est Colgate et je fais tourner les têtes. Irrésistible.

Presque aussi touchante qu’Emma Stone, les yeux juste un peu moins infinis. Les pommettes un peu moins craquantes. La taille légèrement moins fine. Le timbre moins haut. 
Quelle créature délicieuse. Quelle actrice étonnante. Tellement touchante sous ses taches de rousseur. Je suis conquise.


Habituellement envieuse de l’héroïne qui repart au bras du beau gosse, je n’envie pas Emma Stone, je ne la jalouse pas. Je suis heureuse pour elle, avec elle. Je suis malheureuse aussi. Et je me souhaite les mêmes émotions. Le même frisson. La même révélation. 
A moi l’évidence. La mienne.



Ryan et Emma sont magistraux. Deux grands acteurs qui n’auraient pas dépareillés à l’heure de l’âge d’or du cinéma. Complets. Acteurs, chanteurs, danseurs. Interprètes qui ne jouent plus. Qui réincarnent le Beau. Qui nécessitent des majuscules. Pour les élever, les rejoindre au firmament. En apesanteur.

Mia et Sebastian vont vous faire aimer. Vous aimer. Mieux. Ils vont vous donner envie de vivre. De chanter. Et d’ébaucher quelques pas de danse sous la canopée.