Booster

Killer Queen

  Et d’un coup, ils se sont mis au garde à vous. Soldats fiables, qui ne tremblent pas quand il faut se dresser. Je les ai senti les u...

mercredi 9 novembre 2011

Schtroumpf Grognon

Y'a des jours où c'est pas le jour. Et ça fait deux jours que ça dure. Et si je vous dis que j'entrevois la fin de votre calvaire dans - laissez-moi compter - trois jours, je suis à près sûre que vous ne verrez pas le point de cette phrase qui est pourtant juste là : .

Y'a des semaines dans l'année où on devrait avoir le droit d'hiberner, de se rouler en boule sous notre couette, où on pourrait se nourrir exclusivement de cappuccinos en plastique et de Lucky convertibles. Ou le goudron ne serait pas un drame pour nos artères ou nos poumons. Ou les M&m's n'iraient pas directement se cacher dans nos hanches suffisamment généreuses.

Une semaine (ou deux) par an où notre employeur nous raccompagnerait gentiment (et par la main) vers la sortie sans pour autant nous virer mais juste pour que nous puissions râler ailleurs, sans entrave.

Une semaine où on pourrait critiquer Bree Van de Kamp qui n'a pas pris une ride en 10 ans. (C'est même pire que ça : la meuf, elle est plus belle d'année en année. A tous les coups, elle a le droit d'avoir sa semaine à elle, c'est son secret beauté. Nous aussi, si on nous autorisait à faire ce break, on aurait le cheveu orange et l'oeil pétillant. Et on gagnerait l'équivalent de mon salaire pour une journée de tournage à Wisteria Lane.)

Une semaine rien qu'à nous, loin du monde, loin de lui, et de lui, et d'elle, et d'eux. Non parce que bon on les aime bien. Mais on les aimerait mieux couler dans le béton. Enfin je parle pour moi. Pis j'ai vu Mike (attention : Spoiler) traîner ses rangers dans un chantier avec une chape en béton rutilante. Moralité, j'ai des envies de maçon. Des envies de béton et de niveau à bulle, hein, pas de maçon. Quoique.
Une semaine donc pour mater des séries made in USA où les filles sont gracieuses, sexy et intrépides. Des nanas qui nous filent des complexes et qui pourtant n'existent pas. (Ouais, j'ai réussi à me convaincre que non, Damon est peut être méga sex en vampire, mais les vampires, ça n'existe pas. Matt Bomer est juste démentiel de sexytude mais il est aussi indécemment gay, et Chuck Bass file un mauvais coton.)

Sept jours pour se gaver de sentiments à l'eau de rose, pour se pendre au téléphone (c'est une image, en 2011 on serait bien en peine de parvenir à un tel exploit) (vas-y, essaie de te pendre avec ton iPhone, je regarde), pour dire tout le bien qu'on ne pense pas de notre boulot qui nous manque quand même un peu. Sept jours et le septième promis : je me repose. One week de jours ouvrables pour se plaindre. Pour se vautrer même dans la boueuse attitude qui me colle à la peau depuis deux jours (déjà deux jours, que le temps passe).

C'est bien de lui que vient le problème. Le temps. Qui passe.

Il me reste trois jours pour accepter l'inévitable. Bordel. Je suis pas prête. Et aussi : qu'est-ce que je vais me mettre ?
J'ai une liste longue comme le bras d'un mec qui a le bras long de choses à faire avant mes 29 ans et comment dire... j'ai pris un peu de retard.
Notamment sur la question de concevoir un héritier (que j'appellerais Samuel et qui porterait une salopette de hipster avec des boucles qui dépassent de son bonnet en laine, parce que l'hiver arrive et qui me tiendrait le doigt avec sa petite menotte pour finalement plonger ses grands yeux sombres dans les miens pour me souffler un "je t'aime maman").

Ca et devenir star interplanétaire aussi.

Et en trois jours, ça me semble compliqué.
Ou alors, je vole un enfant mediatiquement connu (et là j'hésite, parce que je suis moyennement intéressée par le fruit de Nicolas et son italienne) et d'une pierre, deux coups ! Paf, je passe au 20h papa-maman, allumez le magnétoscope !

Bref. C'est pas le jour. J'ai déjà envisagé une quinzaine de tortures à infliger à l'abruti de casteur. Mais comme j'ai été hyper bien élevée, j'ai juste réussi à lui parler un peu mal et sans m'en excuser.
j'ai déjà mentalement agrafé les oreilles de la stagiaire. Gifflé douze fois au moins le rédac chef qui se prend pour Dieu. Alors que Dieu lui même n'a pas réussi à m'agacer et pourtant je suis un public facile dernièrement.
J'ai ravalé mes envies de "renvoyage chier tout le monde" et j'avoue que ça m'est resté coincé en travers de la gorge.
Et comme je n'ai pas eu le droit de rester roulée en boule dans mon placard avec la Terreur à Poils en otage dans ma dérive émotionnelle, je suis là. A soupirer. A grogner. A fumer. A refumer. A balancer un stylo (mes accès de colère sont stupéfiants, je sais). Tiens, et si j'allais fumer ?

Pis pour atteindre le comble du ridicule, il n'y a pas 24h, j'assurais que ce blog ne deviendrait pas la vitrine de ma vie.
Ben là aussi. J'ai ripé.

Vous êtes toujours là ?

...

...

...

Bon ben je vais fumer.

mardi 8 novembre 2011

Like a Virgin

Je me dis souvent que je devrais me balader avec un carnet. Et un stylo. Un beau stylo plume que j'aurais été me choisir personnellement. Qui glisse sur le papier, qui écrit tendrement. Si en plus il pouvait subvenir à mes ruptures d'inspiration je serais la plus heureuse des femmes.
Si.
Sauf que je n'ai jamais de carnet sur moi. Que je laisse les idées se développer, se raconter dans ma tête hilare et s'évaporer aussi sec.
Sauf que je n'ai pas de stylo plume car je serais bien en peine de savoir encore écrire avec un tel engin sans me fouler un doigt
Sauf que je ne sais plus écrire manuscritement parlant.
Je suis donc condamnée à me laisser envahir de bons mots, d'anecdotes et devoir les laisser agoniser jusqu'à ce que leur râle ne soit plus qu'un vague souvenir.
Estimons-nous heureux, le flot de mauvaises idées, de sujets moyens disparaît en même temps.
Je vais finir avec un cerveau vide. Léger.
Le rêve.
Je vais perdre mes idées comme les arbres perdent leurs feuilles. M'effeuiller.
A ce sujet, j'avais imaginé toute une histoire très enfantine et très drôle. Mais comme feuillets au vent... ppfiut... je revois les arbres d'automne. Ceux qui apparaissent à ma fenêtre. Que j'ai le plaisir de saluer du regard le matin quand je laisse le jour (ou le gris, ça dépend du jour justement) faire irruption dans mon intimité.
Sauf que... sans crier gare, ces grands dadais ont commencé à perdre leur feuillage feuillu et vert. Un matin ils étaient comme je les ai toujours connu. Au moins depuis Juin. Quelques heures plus tard je ne sais plus qui m'observent, à qui sont ces branches nues et sans gêne.
Comble du ridicule, la synchronisation chez les arbres est complètement surfaite.
On pourrait penser qu'à une date bien précise, ils se donnent tous rendez-vous pour la tombée, la perte inévitable de leurs feuilles. "Attention les gars, à 3!" Et paf. A 3 les feuilles se décrochent et atterrissent sur un trottoir trop content d'être ainsi caressé.
Mais non, comme partout, il y a les retardataires, ceux qui ne lisent pas leurs mails, ceux qui volontairement veulent se démarquer.
"Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît".
Je n'ai pas le talent de Pierre D. mais j'ai aussi ma petite expérience du con et là, à regarder ces arbres à moitié dégarnis, je vous le dis comme je le pense : y'a un con qui cloche et qui s'accroche à ses feuilles comme si sa vie en dépendait.
Que faire ?
Nos dégarnis ne peuvent plus faire machine arrière. Imaginez le topo : un arbre tout nu, rouge de honte, qui discrètement essaierait d'étirer ses branches pour ramasser des feuilles pourrissantes à ses pied et recouvrir sa virginité. Déjà c'est pas folichon niveau hygiène. Non parce que vous avez vu comme moi ce qui jonchent habituellement les trottoirs parisiens et on se passera de commentaire. Pis à moins d'être planté dans un parc désert au fin fond du 16ème, ça va être difficile de se contorsionner sans se faire remarquer. "Après la voiture, je me penche rapidement pour me coller cette feuille sur le tronc, hop!" "Dès que la petite vieille a fini d'arpenter la rue, je réquisitionne toutes les feuilles du caniveau !"
Non mais sérieusement.
Non le mieux à ce moment de l'histoire reste de garder la tête haute. La branche nue mais fière qui ignore dédaigneusement cet original qui se couvre de feuilles jaunâtres.
Un peu de fierté que diable !
Et avec un peu de patience, les révoltés se rangeront à l'avis général. C'est ce qu'ils font toujours.
Ils s'accorderont pour dire qu'il n'y a plus de saison (ce qui leur permettra élégamment de faire amende honorable sans perdre la face) et enfin, discrètement, sans bruit, un matin, je ne verrai plus rien que des arbres dépouillés et endormis pour une longue nuit.