Y'a des semaines dans l'année où on devrait avoir le droit d'hiberner, de se rouler en boule sous notre couette, où on pourrait se nourrir exclusivement de cappuccinos en plastique et de Lucky convertibles. Ou le goudron ne serait pas un drame pour nos artères ou nos poumons. Ou les M&m's n'iraient pas directement se cacher dans nos hanches suffisamment généreuses.
Une semaine (ou deux) par an où notre employeur nous raccompagnerait gentiment (et par la main) vers la sortie sans pour autant nous virer mais juste pour que nous puissions râler ailleurs, sans entrave.
Une semaine où on pourrait critiquer Bree Van de Kamp qui n'a pas pris une ride en 10 ans. (C'est même pire que ça : la meuf, elle est plus belle d'année en année. A tous les coups, elle a le droit d'avoir sa semaine à elle, c'est son secret beauté. Nous aussi, si on nous autorisait à faire ce break, on aurait le cheveu orange et l'oeil pétillant. Et on gagnerait l'équivalent de mon salaire pour une journée de tournage à Wisteria Lane.)
Une semaine rien qu'à nous, loin du monde, loin de lui, et de lui, et d'elle, et d'eux. Non parce que bon on les aime bien. Mais on les aimerait mieux couler dans le béton. Enfin je parle pour moi. Pis j'ai vu Mike (attention : Spoiler) traîner ses rangers dans un chantier avec une chape en béton rutilante. Moralité, j'ai des envies de maçon. Des envies de béton et de niveau à bulle, hein, pas de maçon. Quoique.
Une semaine donc pour mater des séries made in USA où les filles sont gracieuses, sexy et intrépides. Des nanas qui nous filent des complexes et qui pourtant n'existent pas. (Ouais, j'ai réussi à me convaincre que non, Damon est peut être méga sex en vampire, mais les vampires, ça n'existe pas. Matt Bomer est juste démentiel de sexytude mais il est aussi indécemment gay, et Chuck Bass file un mauvais coton.)
Sept jours pour se gaver de sentiments à l'eau de rose, pour se pendre au téléphone (c'est une image, en 2011 on serait bien en peine de parvenir à un tel exploit) (vas-y, essaie de te pendre avec ton iPhone, je regarde), pour dire tout le bien qu'on ne pense pas de notre boulot qui nous manque quand même un peu. Sept jours et le septième promis : je me repose. One week de jours ouvrables pour se plaindre. Pour se vautrer même dans la boueuse attitude qui me colle à la peau depuis deux jours (déjà deux jours, que le temps passe).
C'est bien de lui que vient le problème. Le temps. Qui passe.
Il me reste trois jours pour accepter l'inévitable. Bordel. Je suis pas prête. Et aussi : qu'est-ce que je vais me mettre ?
J'ai une liste longue comme le bras d'un mec qui a le bras long de choses à faire avant mes 29 ans et comment dire... j'ai pris un peu de retard.
Notamment sur la question de concevoir un héritier (que j'appellerais Samuel et qui porterait une salopette de hipster avec des boucles qui dépassent de son bonnet en laine, parce que l'hiver arrive et qui me tiendrait le doigt avec sa petite menotte pour finalement plonger ses grands yeux sombres dans les miens pour me souffler un "je t'aime maman").
Ca et devenir star interplanétaire aussi.
Et en trois jours, ça me semble compliqué.
Ou alors, je vole un enfant mediatiquement connu (et là j'hésite, parce que je suis moyennement intéressée par le fruit de Nicolas et son italienne) et d'une pierre, deux coups ! Paf, je passe au 20h papa-maman, allumez le magnétoscope !
Bref. C'est pas le jour. J'ai déjà envisagé une quinzaine de tortures à infliger à l'abruti de casteur. Mais comme j'ai été hyper bien élevée, j'ai juste réussi à lui parler un peu mal et sans m'en excuser.
j'ai déjà mentalement agrafé les oreilles de la stagiaire. Gifflé douze fois au moins le rédac chef qui se prend pour Dieu. Alors que Dieu lui même n'a pas réussi à m'agacer et pourtant je suis un public facile dernièrement.
J'ai ravalé mes envies de "renvoyage chier tout le monde" et j'avoue que ça m'est resté coincé en travers de la gorge.
Et comme je n'ai pas eu le droit de rester roulée en boule dans mon placard avec la Terreur à Poils en otage dans ma dérive émotionnelle, je suis là. A soupirer. A grogner. A fumer. A refumer. A balancer un stylo (mes accès de colère sont stupéfiants, je sais). Tiens, et si j'allais fumer ?
Pis pour atteindre le comble du ridicule, il n'y a pas 24h, j'assurais que ce blog ne deviendrait pas la vitrine de ma vie.
Ben là aussi. J'ai ripé.
Vous êtes toujours là ?
...
...
...
Bon ben je vais fumer.