Booster

Killer Queen

  Et d’un coup, ils se sont mis au garde à vous. Soldats fiables, qui ne tremblent pas quand il faut se dresser. Je les ai senti les u...

mardi 17 mars 2015

Paroles, paroles

D'aussi loin que je me souvienne (et j'ai une bonne mémoire sélective), mon humeur dépend toujours de l'autre. Et oui, on va parler mecs.
Ça a commencé avec un Ludovic (oui, Ludovic, grâce à qui j'ai un peu redoublé ma seconde vu que je passais tout mon temps en classe à relire ses lettres et lui répondre) pour arriver 17 ans après (le premier qui trouve que ça fait long, je lui pète les dents) avec un D. (je suis sûre qu'il tient à garder son anonymat l'animal). En passant par une flopée de prénom en M, en Y, en T et en O qui ont toujours su me faire vivre à leur rythme quitte à provoquer quelques arythmie du côté de mon palpitant. Et oui, l'alphabet, ça me connait.

Ça a démarré avec des lettres. Vous savez, ces machins en papiers qu'on envoyait par la Poste.
Aujourd'hui ça se poursuit en SMS. Voire en Skype. Parce que les voyages, ça forme la jeunesse (voilà mon secret beauté).

Et là, à cet aveu, je me sens un peu con. Un peu.

Surtout que bon. Quitte à être honnête jusqu'au bout et vous savez combien la transparence compte pour moi : ben j'ai pas pris une ride là non plus. Je n'ai toujours pas intégré qu'il ne fallait pas que j'attende après un mec, qu'il fallait que je sois indépendante et pas juste pour leur faire plaisir et me donner un petit cachet inaccessible.
Parce que de toutes façons, même ça, je le fais mal.

Je ne sais toujours pas combien de temps je dois mettre pour répondre. Dans le doute, je réponds souvent dans la seconde.
Je n'ai pas la moindre idée du temps que je dois laisser entre deux échanges. Dans le doute, souvent je romps le silence en mode panique et un peu culpabilisante.
J'ignore complètement les principes de base qui régissent ces messieurs. La plupart du temps, je traduis à ma façon ce qu'ils envoient. C'est à dire avec mon cerveau.
Je ne prends aucun conseils glanés autour de moi en compte. A part ceux qui m'arrangent voire me rassurent. "mais voyons Fanny, bien sûr qu'il est fou de toi, comment pourrait-il en être autrement !? Mais s'il ne t'a pas encore répondu depuis 2h, c'est parce qu'il a été pris en otage et négocie actuellement avec ses ravisseurs pour les attendrir et être relâché rapidement pour t'écrire des mots doux !"
C'est évident.

Oui. Sauf que là, ça fait 36 heures. Une demi-nuit, une longue journée, une longue nuit et une matinée.
36 heures c'est beaucoup trop.
Surtout si je vous dis que je me suis bien tenue et que je n'ai encore rien envoyé.

Qu'est-ce qu'il peut bien faire de plus important depuis 36 heures ?
A part avoir été victime d'un accident où il ne serait aucunement défiguré ni blessé sérieusement, à part une urgence domestique du style incendie géant mais pas dangereux, à part le vol qualifié de son téléphone portable (ne riez pas, on m'a servi cet excuse il y a un mois à peine et j'y ai cru) et la perte simultanée de sa connexion internet... Je ne vois pas.

Pis d'abord. Quand on m'écrit "à demain" un Lundi à 1h49 du matin, moi je crois sincèrement qu'on parle du jour d'après. Pas du film. Alors expliquez-moi pourquoi le lendemain je me fais tous ces scénarios catastrophes ?

Je suis à ÇA de craquer. Toute cette pression, tous ces synopsis que mon cerveau malade ne manque pas d'inventer. Comme la possibilité qu'il ait une femme et des enfants et qu'il ait omis de me le dire.

En toute logique, je ne devrais pas passer 36 heures de plus sans crier mon désarroi dans un message Skype vibrant de sincérité. Je me donne 6h avant de me ridiculiser.
Et d'expérience, ce message devrait me valoir un sermon (l'enthousiasme, c'est mal) et une mise à pied souvent suivie d'un silence digne de celui qu'on réserve à ses ex.

Ex. Je fais ça bien.

lundi 16 mars 2015

Y'a des jours où c'est pas le jour. Et ça fait deux jours que ça dure. Et si je vous dis que j'entrevois la fin de votre calvaire dans - laissez-moi compter - trois jours, je suis à près sûre que vous ne verrez pas le point de cette phrase qui est pourtant juste là : .

Y'a des semaines dans l'année où on devrait avoir le droit d'hiberner, de se rouler en boule sous notre couette, où on pourrait se nourrir exclusivement de cappuccinos en plastique et de Lucky convertibles. Ou le goudron ne serait pas un drame pour nos artères ou nos poumons. Ou les M&m's n'iraient pas directement se cacher dans nos hanches suffisamment généreuses.

Une semaine (ou deux) par an où notre employeur nous raccompagnerait gentiment (et par la main) vers la sortie sans pour autant nous virer mais juste pour que nous puissions râler ailleurs, sans entrave.

Une semaine où on pourrait critiquer Bree Van de Kamp qui n'a pas pris une ride en 10 ans. (C'est même pire que ça : la meuf, elle est plus belle d'année en année. A tous les coups, elle a le droit d'avoir sa semaine à elle, c'est son secret beauté. Nous aussi, si on nous autorisait à faire ce break, on aurait le cheveu orange et l'oeil pétillant. Et on gagnerait l'équivalent de mon salaire pour une journée de tournage à Wisteria Lane.)

Une semaine rien qu'à nous, loin du monde, loin de lui, et de lui, et d'elle, et d'eux. Non parce que bon on les aime bien. Mais on les aimerait mieux couler dans le béton. Enfin je parle pour moi. Pis j'ai vu Mike (attention : Spoiler) traîner ses rangers dans un chantier avec une chape en béton rutilante. Moralité, j'ai des envies de maçon. Des envies de béton et de niveau à bulle, hein, pas de maçon. Quoique.
Une semaine donc pour mater des séries made in USA où les filles sont gracieuses, sexy et intrépides. Des nanas qui nous filent des complexes et qui pourtant n'existent pas. (Ouais, j'ai réussi à me convaincre que non, Damon est peut être méga sex en vampire, mais les vampires, ça n'existe pas. Matt Bomer est juste démentiel de sexytude mais il est aussi indécemment gay, et Chuck Bass file un mauvais coton.)

Sept jours pour se gaver de sentiments à l'eau de rose, pour se pendre au téléphone (c'est une image, en 2011 on serait bien en peine de parvenir à un tel exploit) (vas-y, essaie de te pendre avec ton iPhone, je regarde), pour dire tout le bien qu'on ne pense pas de notre boulot qui nous manque quand même un peu. Sept jours et le septième promis : je me repose. One week de jours ouvrables pour se plaindre. Pour se vautrer même dans la boueuse attitude qui me colle à la peau depuis deux jours (déjà deux jours, que le temps passe).

C'est bien de lui que vient le problème. Le temps. Qui passe.

Il me reste trois jours pour accepter l'inévitable. Bordel. Je suis pas prête. Et aussi : qu'est-ce que je vais me mettre ?
J'ai une liste longue comme le bras d'un mec qui a le bras long de choses à faire avant mes 29 ans et comment dire... j'ai pris un peu de retard.
Notamment sur la question de concevoir un héritier (que j'appellerais Samuel et qui porterait une salopette de hipster avec des boucles qui dépassent de son bonnet en laine, parce que l'hiver arrive et qui me tiendrait le doigt avec sa petite menotte pour finalement plonger ses grands yeux sombres dans les miens pour me souffler un "je t'aime maman").

Ca et devenir star interplanétaire aussi.

Et en trois jours, ça me semble compliqué.
Ou alors, je vole un enfant mediatiquement connu (et là j'hésite, parce que je suis moyennement intéressée par le fruit de Nicolas et son italienne) et d'une pierre, deux coups ! Paf, je passe au 20h papa-maman, allumez le magnétoscope !

Bref. C'est pas le jour. J'ai déjà envisagé une quinzaine de tortures à infliger à l'abruti de casteur. Mais comme j'ai été hyper bien élevée, j'ai juste réussi à lui parler un peu mal et sans m'en excuser.
j'ai déjà mentalement agrafé les oreilles de la stagiaire. Gifflé douze fois au moins le rédac chef qui se prend pour Dieu. Alors que Dieu lui même n'a pas réussi à m'agacer et pourtant je suis un public facile dernièrement.
J'ai ravalé mes envies de "renvoyage chier tout le monde" et j'avoue que ça m'est resté coincé en travers de la gorge.
Et comme je n'ai pas eu le droit de rester roulée en boule dans mon placard avec la Terreur à Poils en otage dans ma dérive émotionnelle, je suis là. A soupirer. A grogner. A fumer. A refumer. A balancer un stylo (mes accès de colère sont stupéfiants, je sais). Tiens, et si j'allais fumer ?

Pis pour atteindre le comble du ridicule, il n'y a pas 24h, j'assurais que ce blog ne deviendrait pas la vitrine de ma vie.
Ben là aussi. J'ai ripé.

Vous êtes toujours là ?

...

...

...

Bon ben je vais fumer.