Booster

Killer Queen

  Et d’un coup, ils se sont mis au garde à vous. Soldats fiables, qui ne tremblent pas quand il faut se dresser. Je les ai senti les u...

mercredi 17 juin 2015

Un Français

L'important ce n'est pas la chute, mais l'atterrissage.
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Et pourtant ils tombent ces français, bien bas.
Marco comme ses copains n'échappent pas à cette gravité.
Mais dès les premiers minutes du film c'est dans son regard paniqué qu'on comprend qu'il voit comment il va se ramasser. Et il a l'intuition qu'il va se faire mal. Il a raison. Il va morfler.
Spectatrice impuissante, je l'ai regardé tomber dans ce vide intersidéral qu'est la connerie humaine. Ce long gouffre jalonné de violences, de vérités assenées avec la conviction que seuls ont les gens perdus. Aucune sortie de secours d'indiquées et les hôtesses planent sans décoller.
La peur se cache derrière des certitudes longuement façonnées et assimilées. La peur de l'autre parce que c'est moins ridicule que la peur de soi. La peur qui se mue en violence des mots, en violence physique. Ces coups, ces poings, ces lames qui brillent à la lueur des réverbères. Cette nuit sans fin. Cet ennui malsain.
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Mais on ne basculera pas dans le glauque. On le côtoie mais on ne s'abaisse pas à dénoncer l'innommable. L'innommable se dénonce tout seul. Il suffit de le regarder s'acharner. Il suffit de l'entendre se dédouaner en justifiant l'injustifiable. Il suffit de l'écouter mentir, éluder. Loup enragé, malade. Il est dangereux. Il aboie de plus en plus fort, il veut son os pour faire ses crocs. On l'entend de suffisamment loin pour faire la sourde oreille. Ne lui donner aucun crédit, jamais.
Par un habile jeu de cadrage, on accompagne Marco, posé sur son épaule, face à lui, derrière lui, on lui tourne autour, on ne peut que l'observer et mesurer les changements qui s'opèrent. Il cogne, il jure, il lutte. Mais ses yeux trahissent son âme. Il n'est pas complètement perdu. Il n'est pas encore au bout de sa chute. Il suit un mouvement en faisant rouler ses épaules musculeuses sûrement rompues au Klaus (hum) combat.
Et quand seul, il se retrouve face à lui même et face à ses actes passés, il prend en pleine face ses erreurs, ses errements. Et il a la peur de sa vie. Et moi je pleure avec lui.
Le coeur qui s'emballe, le corps qui ne sait plus. Respirer ? Comment ? Se calmer ? Pourquoi ? Se réveiller, enfin. Aucune excuse. La vie ne fait de cadeau à personne, on se doit de l'intégrer. Et même si la vue de ce père incontinent et ivre m'a bouleversé, je ne crois pas qu'un être humain peut se cacher derrière un autre.
Il a sa dose le paternel, il n'a pas besoin de ça en prime.
J'ai senti mon coeur se serrer, tellement de fois. J'ai oublié de respirer. Fascinée et impatiente. J'ai vibré d'horreur au début, puis de compassion, de pardon, de fierté enfin. Quel soulagement...
La route est longue avant d'atterrir. Les vents violents et ce foutu parachute qui ne s'ouvre jamais assez vite. Lassé de sa compagnie (ce jeu de mots en rapport avec une série diffusée par France Télévision n'est pas du tout là par hasard) de guignols fascistes, il prend la tangente. Nous emmène au soleil. Oui il fuit. Et alors ? On parle de dignité là, pas d'obstination. On parle de respect et d'amour. Pas d'exclusion.
Nous n'avons pas tous flirté avec ce côté obscur, mais nous pouvons tous changer de route. Enfin je vous le souhaite. C'est tout l'intérêt du libre arbitre.
Marco se prend en main. (au figuré hein, même si effectivement en début de film il le fera au sens propre et ça reste pour moi le moment le plus gênant en terme de violation d'intimité. J'en rougis encore. Comme ces soirs, devant le film du Dimanche soir avec les parents sur le canapé familial, où je baissais les yeux, honteuse de voir cette scène de sexe à leurs côtés.)
Marco assume et il avance. Il ne prendra plus part aux horreurs. Il voit ses amis, encore, se débattre et commettre le pire. Actes désespérés de gens qui sont tombés si bas, qu'ils ont commencé à creuser. Les mains pleines de sang. La bouche pleine d'insanités.
Il ne fait aucun procès, il choisit pour lui. Il part. Se reconstruit. Les cheveux plus longs, la barbe bien taillée, il faudrait le déshabiller pour voir les stigmates se cette ancienne vie (prem's ! Je suis volontaire !) On lui donnerait le bon dieu sans confession. Mais il n'en voudrait pas. Honnête ce français. Et il file droit.
doc
Alors oui ok, je vous ai presque tout dit. Mais pourtant vous n'avez rien vu. Allez y. Changez vos plans pour une fois, pour un soir. Foncez. Parisiens, vous êtes vernis, Un Français est projeté largement. Les autres... une fois de plus vous voilà lésés, oubliés. Mais une grande ville intelligente (il en reste plein) le diffuse sûrement et justement, vous n'êtes pas partis en week-end depuis un moment !
Allez-y. Diastème mérite de voir son film à l'affiche de longues semaines. Ce film magistral est nécessaire. Vous avez besoin de le voir.
Mais vous verrez, j'ai raison. Je sais... c'est agaçant à force.
Allez vibrer. Votre coeur a besoin d'émotion, votre cerveau a besoin de cette gifle pour se remettre les idées en place.
Vous avez besoin d'espoir et Marco vous en donnera. Vous ne l'aimerez pas tout à fait comme moi, d'ailleurs, j'aimerais autant pas mais vous serez bluffés par cet immense acteur qu'est Alban Lenoir.
Un Français a besoin de vous. Si j'osais je dirais même que la France a besoin d'Un Français.
Moi je l'ai vu deux fois, et ça ne suffit pas. J'y retournerai jusqu'à plus soif.
Pis je ne vous demande pas l'impossible, je vous propose d'aller voir un grand film au cinéma. Ça vous changera. Alors pas d'excuse !
Et on ne lâche rien. Merci.