Booster

Killer Queen

  Et d’un coup, ils se sont mis au garde à vous. Soldats fiables, qui ne tremblent pas quand il faut se dresser. Je les ai senti les u...

dimanche 5 février 2017

La La Land. Expatrions-nous maintenant.



Mais oui.
Je suis bien en train de danser.
Là.
Sous la canopée, la tête levée vers le ciel bleu. Bleu.
Pendant un instant j’ai fait abstraction du monde. De la foule. Intensément dans l’émotion, rythmée par mes pas cadencés, je me suis mise à ébaucher quelques pas de danse. Sourde à la réalité. Je n’ai pas réalisé que j’allais être vue et jugée. Que j’allais passer pour une originale en manteau classique. Plus rien ne compte. La pluie n’existe plus. Le ciel est bleu.
Bleu.

Comme celui de la Californie en plein hiver au-dessus de l’autoroute congestionnée.
Mais qu’importe les embouteillages quand le soleil chasse la morosité du quotidien. Qu’importe le temps qui s’étire sur le bitume quand le coeur est plein de musique, de vie, d’amour. Que les yeux sont tournés vers le bleu.

Bleu.

Comme l’affiche de La La Land.
 Avec ou sans étoiles. Bleu. Nuit. Jour. Jour et nuit fredonnons encore. 
Une dernière danse. Un dernier soupir. Une larme égarée.
Quel beauté…
Quel film !

Je suis rentrée, la nuit tombait. La lune comme guide et soudain un projecteur m’aveugle ?!
Ah non, ce sont les lampadaires qui reprennent du service.

Question de point de vue. Je suis sortie du cinéma, je suis restée dans mon film personnel. Tous ces figurants qui jouent aux parisiens. Les trottoirs encore émus mais qui déjà laissent s’évaporer la dernière crise et se déroulent devant moi tel un tapis de festival. Le menton relevé, le cheveu ondulant. Je me sens bien. Gonflée d’énergie. 




Damien Chazelle est magique. Brillant. Déique.

Lui seul sait vous donner envie de chanter sous la pluie. Il vous file des frissons à vouloir vous pelotonner dans les bras de celui qui restera. En commençant par le reconnaître.

Lui seul me donne envie de voir son film en boucle. 
Il relooke les demoiselles de Rochefort, il remet la musique à sa juste place, sur le devant de la scène. Il vous fait aimer le plus insipide des acteurs. God que Ryan Gosling est charmant en homme normal. Enfin ! Je comprends mieux, enfin.

Il rehausse la couleur. Ses rouges rivalisent de bleus, de verts, de jaunes. Soleil. Une symétrie a faire pâlir Wes Anderson. Cramoisi de jalousie à n’en pas douter. 
Il redonne du goût au Cinéma. Il révèle la saveur de l’Amour magistral. Il redore le blason des histoires d’amour éternelles. Celles qui restent. Pour la postérité. Pour les jeunes enfants qui ont besoin de rêver. Pour les grands enfants qui rêvent plus fort encore.

J’ai envie d’apprendre les claquettes et d’apprendre à marcher sur des talons de 12. Je ne comprends pas que ma garde robe n’en compte pas une douzaine aux couleurs primaires. Ni comment j’ai pu avoir les yeux rivés sur les bassistes quand il y avait les pianistes. 



Loin d’être accablée par ma solitude, je suis persuadée que mon Sebastian est là. Dans la foule. Je suis prête à le trouver. Je suis là ne t’en fais pas.
Je virevolte dans ma tête. Car oui, dans mon imaginaire je maîtrise les pas, je ne piétine pas mon cavalier, mon sourire est Colgate et je fais tourner les têtes. Irrésistible.

Presque aussi touchante qu’Emma Stone, les yeux juste un peu moins infinis. Les pommettes un peu moins craquantes. La taille légèrement moins fine. Le timbre moins haut. 
Quelle créature délicieuse. Quelle actrice étonnante. Tellement touchante sous ses taches de rousseur. Je suis conquise.


Habituellement envieuse de l’héroïne qui repart au bras du beau gosse, je n’envie pas Emma Stone, je ne la jalouse pas. Je suis heureuse pour elle, avec elle. Je suis malheureuse aussi. Et je me souhaite les mêmes émotions. Le même frisson. La même révélation. 
A moi l’évidence. La mienne.



Ryan et Emma sont magistraux. Deux grands acteurs qui n’auraient pas dépareillés à l’heure de l’âge d’or du cinéma. Complets. Acteurs, chanteurs, danseurs. Interprètes qui ne jouent plus. Qui réincarnent le Beau. Qui nécessitent des majuscules. Pour les élever, les rejoindre au firmament. En apesanteur.

Mia et Sebastian vont vous faire aimer. Vous aimer. Mieux. Ils vont vous donner envie de vivre. De chanter. Et d’ébaucher quelques pas de danse sous la canopée.



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